Le capitalisme en dix leçons

Publié le dimanche  8 avril 2012

par  Faugeron Daniel
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Ce qu’en dit Jean Gadrey :

C’est le titre du dernier livre de Michel Husson, paru chez Zones, un label des éditions La découverte, qui font décidément de bons choix en ce moment. 16 euros, c’est pas cher payé pour ces 250 pages remarquables sur le fond et sur la forme. Car il s’agit bien, comme le précise le sous-titre, d’un « petit cours illustré d’économie hétérodoxe » à mettre entre toutes les mains.

Je vous recopie les titres des chapitres, cela vous donnera à la fois une idée du contenu et, je l’espère, une irrésistible envie de lire.

Le Capitalisme en 10 leçons , Texte de Michel Husson, dessins de Charb, Zones-éditions La Découverte, 256 p., 16 euros.

  1. De quoi le capitalisme est-il le nom ? (perspectives historique et théorique, variétés du capitalisme…)
  2. D’où vient le profit ? (une représentation marxiste, une forte critique de la vision dominante)
  3. Pourquoi les riches sont-ils plus riches ? (des constats, un plaidoyer pour l’égalité)
  4. De quoi avons-nous (vraiment) besoin ? (une réflexion essentielle, néo-marxiste, un éloge de la démocratie économique)
  5. Qu’est-ce qui n’est pas une marchandise ? (enjeux théoriques et politiques, biens publics)
  6. Le capitalisme peut-il se mettre au vert ? (on retrouve ici, entre autres, les « petits calculs » de l’auteur montrant que la poursuite dans la voie de la croissance est pratiquement incompatible avec l’atteinte des objectifs du GIEC)
  7. Où mène la mondialisation ? (une nouvelle cartographie du monde)
  8. À quoi sert l’Europe libérale ? (vous connaissez la réponse, mais elle est ici argumentée)
  9. Qu’est-ce qu’une crise ? (une belle leçon d’histoire économique du capitalisme porteur de crises, dont la « crise systémique » actuelle)
  10. Pourquoi on va dans le mur (zoom sur la crise actuelle, sur sa structure, sur les contradictions et sur l’impasse des solutions internes au système)

Le tout, qui se lit sans difficulté, contient des références essentielles à des auteurs de courants divers et est agrémenté d’un très grand nombre de dessins de Charb (Charlie Hebdo), souvent drôles et toujours bien adaptés au texte. En exergue de la conclusion il y a cette citation formidable de John Stuart Mill, le grand-père fondateur de l’écologie politique dont je suis fan : « c’est seulement dans les pays retardés du monde que l’accroissement de la production est un objectif important : dans les plus avancés, ce dont on a besoin sur le plan économique est une meilleure répartition » (cela date de… 1848 !).

Enfin […] on trouve, comme presque toujours avec Michel Husson, économiste et statisticien, des tableaux et surtout des graphiques qui « parlent », qui illustrent et ajoutent souvent beaucoup aux démonstrations. Pas le déluge que pratiquent Patrick Artus et ses Natixis boys. Non, juste ce qu’il faut, une bonne vingtaine, des « statistiques critiques ».

Bon, alors, vous allez dire : ce compte-rendu de lecture élogieux sans la moindre réserve est forcément suspect. C’est du copinage en réseau. Du coup, j’y vais de quelques questions qui me sont venues à la lecture.

Dans le chapitre sur l’origine du profit, j’aurais apprécié un paragraphe sur la rente (Marx lui-même y a consacré des réflexions), en particulier aujourd’hui les rentes pétrolières, minières, foncières, immobilières. Que penser par exemple du thème du « capitalisme de rente » ?

Ensuite, si la dimension de la crise écologique est bien présente au chapitre 6 via la contrainte d’une très forte réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle ne l’est pratiquement que par ce biais. Les autres exigences ou limites (biodiversité, eau, océans, forêts, pics de toutes sortes pour les ressources fossiles, pollutions, santé-environnement, nucléaire…) ne plaident-elles pas elles aussi pour une sortie du libéral-productivisme ? La crise « systémique » (p. 218-220) n’a-t-elle pas aussi une composante de crise écologique ?

Enfin, dans le chapitre très convaincant, qui commence à juste titre par une citation de Polanyi, sur ce qui n’est pas une marchandise (ou ne devrait pas l’être), je trouve pour ma part que l’approche économique par les biens publics, qui a son importance, devrait être élargie en direction de la notion de biens communs, qui est différente et plus riche. Mais comme j’y consacrerai un billet d’ici peu, je n’en dis pas plus.

Bonne lecture !

Jean Gadrey

Le blog de Jean Gadrey

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