Un accord salarial pour sauver la poste publique

En Allemagne, les conservateurs relèvent le salaire minimum des postiers pour sauver la Deutsche Post
Publié le lundi  10 décembre 2007
Mis à jour le mercredi  12 décembre 2007
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L’affaire faisait la une du Financial Times le 6 décembre 2007 : "Trichet passe à l’offensive contre un accord salarial allemand".

C’est intéressant à plus d’un titre. En cause, la décision du gouvernement Merkel d’imposer à partir du premier janvier 2008 un salaire minimum de 8 à 9,80 euros de l’heure dans le secteur du courrier postal, comme l’autorise une loi qui lui permet d’étendre au secteur entier un accord salarial intervenu dans une entreprise qui en occupe plus de la moitié des salariés, ce qui est le cas de la Deutsche Post.

Seront donc touchés par la mesure les "cowboys" du business postal privé, tels Pin Group, une filiale d’Axel Springer, qui a riposté à boulets rouges en annonçant 1.000 suppressions d’emplois (sur un total de 9.000), ou encore la multinationale du courrier express néerlandaise TNT, qui dit avoir gelé ses projets de se lancer dans le courrier postal aux particuliers, un "marché" que la Commission européenne (et son "parlement") ont décidé d’ouvrir à la concurrence. Du côté des cowboys, on n’est pas content, du tout : le salaire horaire moyen y est d’environ 7,30 euros et, là, disent-ils, ils vont perdre leur avantage compétitif…

Mais c’est aussi la raison pour laquelle le gouvernement allemand a choisi, pour protéger le monopole de la Deutsche Post, d’imposer ce salaire minimum : "Il n’y a pas de concurrence équitable sans des standards minimaux", d’autant que, la pression constante à la baisse des salaires coûte à l’Etat (et à la collectivité) des milliards d’euros en allocations compensatoires aux travailleurs à bas revenus.

Ce n’est, cependant, pas du goût de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, qui a fustigé publiquement la mesure en termes de "salaire minimum inutile" et de "frein à l’emploi", sur la base du schéma néolibéral classique (hausse des salaires égale inflation égale licenciements égale chômage), lequel ne fait pas, on s’en doute, l’unanimité chez les économistes [1]. Le gouvernement allemand, lui, reste de glace et, mieux, souligne que le salaire minimum figure parmi ses premières priorités.

Article également consultable sur
http://tinyurl.com/ytlper (format PDF)


Source Financial Times, 6 décembre 2007 (texte intégral en anglais)

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