Choisir collectivement une candidature, début de sortie de la logique de la 5e République

par Étienne Adam, élu de la municipalité de Caen
Publié le vendredi  29 septembre 2006
Mis à jour le dimanche  12 novembre 2006
popularité : 4%

C’est indispensable pour éviter ce qui est largement perçu comme des querelles de personnes.

Nous ne sommes plus dans le cadre politique des élections présidentielles précédentes et de leur évolution vers un test de représentativité des diverses formations politiques au premier tour.

Le 21 avril est passé par là et rend intenable, disqualifiant, une dispersion de candidatures proches : il faut donc une candidature unitaire de rassemblement.

Certains disent « il faut absolument que notre parti soit présent au 1er tour » Un tel choix traduirait une conception régressive , clientéliste de la politique. De plus, dans le cadre de l’élection de 2007, il peut y avoir des votes indentitaires (ou protestataires) mais ce type de vote ne conduira qu’à la reconstruction d’un bipartisme aujourd’hui en crise.

Le bipartisme (forme particulière de démocratie élitaire) s’accommode de partis marginaux dans la mesure où ils ont peu d’effet sur le fonctionnement de l’appareil politique ou sont dans l’incapacité à exister autrement qu’en satellite des grandes forces. Se créé un dualisme politique entre petits partis dont la fonction est d’exprimer les mécontentements et les grands dont la fonction est gestionnaire.

Accepter de se présenter au premier tour pour faire moins de 5% ce n’est pas contribuer à l’émergence d’une nouvelle force politique : aucune formation de la gauche antilibérale ne peut faire le coup du FN avec une croissance continue et irrésistibles de son score.

Se présenter au 1er tour aujourd’hui pour se faire connaître ou pour "incarner" le vote protestataire seulement c’est accepter d’être la caution démocratique de la reconstruction d’un bipartisme.

Ce d’autant plus que nous avons aujourd’hui les moyens de casser le bipartisme par une politique de rassemblement à gauche dont les bases antilibérales et la pratique politique sont susceptibles d’attirer largement les électeurs de gauche. Pour cela, il est absolument nécessaire d’avoir une candidature unitaire qui rassemble.

Il faut donc un programme qui dessine la voie vers une autre société. Mais aussi une démarche qui intègre à la fois des formes classiques de représentation politiques et les nouvelles formes de participation citoyennes ou mouvementistes. Dans la manière de mener campagne, d’élaborer le programme il faut donner un signe fort de changement dans le système de représentation politique.

Il ne s’agit pas de dire que les partis sont aujourd’hui dépassés, inutiles mais de prendre conscience que leur rôle s’est relativisé dans les dernières années et qu’ils ne peuvent dans l’état actuel de ce qu’ils sont, prétendre aujourd’hui au monopole de la représentation politique.

D’un autre côté, les forces qui se sont développées sur le terrain des mouvements sociaux n’ont pas produit une forme indiscutée de représentation. Les auto-proclamations comme avant-garde de l’altermondialisme se substituant aux partis dépassés et propositions anarcho-mouvementistes ne font pas, pour beaucoup, une alternative politique.

Nous n’avons pas de candidat « naturel » et il nous faudra choisir celui qui offre le cadre le plus large de rassemblement, dont on sait aujourd’hui qu’il est multiforme et sans aucun « centre »unanimement reconnu. Aucun courant n’a d’hégémonie sur les autres.

Je ne pense pas que le PCF (ou la LCR si elle nous rejoint) puisse aujourd’hui représenter l’ensemble de notre courant dans cette élection-là.

Certes le parti communiste a évolué, il a pris en compte la crise des modes de représentation classique du mouvement ouvrier et la nécessité de reconstruire un autre rapport entre mouvements, citoyens et représentation politique. Il l’a montré dans sa politique d’ouverture lors de la campagne sur le référendum et dans la perspective des comités unitaires et populaires qu’il soutient. Il a aussi pour lui une capacité d’organisation, une connaissance de l’appareil politique qui le rend irremplaçable dans une candidature unitaire.

Néanmoins je suis persuadé que ces atouts réels et son évolution ne sont pas suffisamment perçus par une bonne partie de ceux qui pourraient faire la campagne et ceux qui pourraient voter pour nous. Sans les dizaines de milliers de personnes qui, dans la suite du référendum et des mouvements sociaux, s’ouvrent à la nécessité d’une action politique, notre campagne ne peut atteindre les objectifs politiques qui sont à notre portée

C’est parce que le PC est encore trop perçu comme un « parti comme les autres » qu’il ne peut être perçu comme représentant indiscutable . La nouveauté, la rupture dans l’action politique ne sera pas perceptible et le sentiment de « récupération » détachera de la campagne une bonne partie de ceux qui, non encartés, auraient le sentiment d’être instrumentalisés. Ceux-ci se sont ouvert à une nouvelle forme de pratique politique, trop différente des pratiques délégataires de représentation qui prévalaient et qui marque encore l’image des partis : ce décalage ne peut être résolu dans le peu de temps qu’il nous reste. Si au lendemain du 29 mai, le PCF, en ouvrant ces débats, s’était mis nettement là la disposition du rassemblement créé pour co-construire une alternative, il en serait peut-être autrement aujourd’hui.

Je sais que ceci peut être ressenti comme une injustice par les militants qui sincèrement ont fait les choix du changement mais il est de notre responsabilité de leur dire que c’est encore aujourd’hui la réalité. C’est d’autant plus injuste qu’il payent les pots cassés pour ceux contre lesquels ils se battent pour faire évoluer le parti.

Ce ne serait pas l’appoint de quelques soutiens des petites formations ( CCAG, Alternatifs, Mars…) qui modifieraient beaucoup le paysage. Beaucoup d’entre nous y regarderont à deux fois avant d’être perçus comme de simple compagnons de route. Le PC n’a pas besoin aujourd’hui de compagnons de route, c’est contradictoire avec la démarche stratégique engagée.

C’est pourquoi les militants communistes doivent accepter que nous leur disions, sans nier le rôle de leur parti, que Marie Georges, parce qu’elle n’est pas dégagée de sa fonction de représentante du PC et ne peut l’être par un coup de baguette magique entre novembre et l’élection, ne peut être la candidate de rassemblement.

De manière plus générale, je ne pense pas que présenter une autre personnalité politique choisie pour qu’elle fasse consensus entre les partis existants soit une bonne chose : prenons garde à ne pas accréditer l’idée que nous ne sommes après tout qu’un cartel déguisé d’organisations ! Ca ne remplit pas la fonction mobilisatrice au delà des cercles politiques actuels dont nous avons besoin. J’ajoute qu’il est un peu absurde, incompréhensible pour beaucoup, de « gâcher » des dirigeants politiques dans une fonction que nous voulons relativiser au maximum pour en finir avec la monarchie républicaine. Dans notre débat nous devons bien finir par intégrer que pour nous le président de la république n’est plus le chef de la majorité mais l’expression symbolique du mouvement que nous développons.

Notre démarche doit être plus radicale dans sa différence : apparemment l’idéal serait le citoyen lambda proposé par certains : refus de la représentation , de la politique comme activité séparée, etc… Mais « lambda » peut-il traduire ce que nous voulons en matière de nouvelles dynamiques entre mouvement sociaux et politique ? Évidemment non et « lambda » réintroduirait dans ce domaine une coupure qu’il faut réduire.

Le renouveau de masse de la critique sociale, le renouveau de radicalisme anti-libéral est issu des mouvements sociaux et il faut, dans notre démarche, le reconnaître : c’est indispensable à la mobilisation de ces dizaines ou centaines de milliers de personnes qui ont fait les mouvements sociaux de ces dernières années. Voilà qui permettra symboliquement de lier mouvement social et politique et de donner une crédibilité à notre démarche « un autre monde est possible et construisons le ensemble dans les luttes et dans les urnes ».

Cette caractéristique « une personne issue du mouvement social » me semble indispensable à la représentation symbolique du déplacement du champ politique que nous voulons opérer pour gagner à gauche : c’est reconnaître le rôle fondamental qu’ont les mouvements et les luttes dans le changement social, c’est aussi en finir avec l’activité politique comme activité professionnelle séparée : ce sont là des symboles forts indispensables.

Présenter un représentant du mouvement social, trouver celui incarne ceux qui reconnaissent la nécessité d’une action politique telle que nous la construisons n’est pas tâche aisée tant le mouvement social est émietté.

Personne n’est en mesure de représenter l’ensemble de ce qui s’est passé ces dernières années et créé la situation politique d’aujourd’hui.

Il faut rechercher celui ou celle dont l’action dans des mouvements sociaux est reconnue, capable à la fois de porter du sociétal et du social comme le dit le texte que nous avons voté.

Notre candidat sera limité dans sa capacité personnelle de représentation, c’est pourquoi dès le début nous confions à un collectif de porte-parole, composé des diverses sensibilités politiques sociales et sociétales de ce mouvement unitaire la tâche d’en assurer la représentation .

Je crois enfin que nous n’avons pas le temps de construire ex-nihilo une candidature à partir de quelqu’un qui ne serait pas, ou trop peu connu : et il ne s’agit pas seulement de notoriété médiatique mais dans tous les réseaux que nous voulons mettre en action.

Étienne Adam
membre du groupe d’animation du réseau national Convergence
citoyenne


Commentaires

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mardi 3 octobre 2006 à 14h44 - par  pseudonyme

En neuf ans le nombre réel de chômeurs n’a pas baissé en France

En neuf ans, de 1996 à 2005, le chômage apparent (chômage officiel) a diminué de 21% en passant de 3.062.980 à 2.419.600 inscrits en catégorie 1 Anpe (chômage officiel).
En fait, le chômage réel des diverses catégories de chômeurs et des chômeurs en partie ou en totalité dissimulés à travers différents dispositifs, calculé en équivalent "temps plein", a un peu augmenté, passant de 5.745.310 à 5.848.550.

Cependant, la population active, occupée (ayant un emploi) ou non (chômeur inscrit), est passée de 25.591.000 (1996) à 27.637.000 (2005), au sens du BIT et de l’INSEE.
Cette population active doit toutefois être corrigée en réintégrant les personnes qui en sont artificiellement exclues : les dispensés de recherche d’emploi, celles en préretraites entières et les chômeurs en stage.
La population active corrigée devient 26.070.000 en 1996 (+479.000) et 28.132.000 en 2005 (+495.000).

Le taux de chômage apparent (officiel) est de 11,96 % en 1996 et de 8,75 % en 2005, en prenant la moyenne annuelle de la catégorie 1 de l’ANPE.

Le taux de chômage réel est :

  • 16,97 % en 1996 et 14,54 % en 2005 sans tenir compte de l’équivalence chômage des emplois à temps partiel
  • 22,04 % en 1996 et 20,79 % en 2005 en tenant compte de ce chômage partiel de fait.

Un progrès bien faible en neuf ans et tout relatif, car si la population active continue d’augmenter, le rythme de cette augmentation s’est beaucoup ralenti au cours des dernières années. Reste à savoir la part prise par les chômeurs découragés, disparus des statistiques, dans cette diminution de la population active.

Ne croyez pas pour autant à une situation réelle plus enviable dans les autres pays en Europe ou dans d’autres régions du monde. Bien souvent, un taux de chômage officiel autour de 5 %, même estampillé Ocde ou Eurostats, cache un taux effectif du chômage compris entre 10 et 20 %. Et bien souvent, la proportion d’emplois à temps partiel est plus importante qu’en France avec un nombre d’heures plus faible (Pays-Bas, Royaume-Uni … ).

Voir : Le chômage réel en France : 1996 et 2005

http://travail-chomage.site.voila.fr/chomage/chom_reel_1996_2005.htm

> Tout le site vaut la peine d’être vu, très intéressant :

http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm

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