Compte rendu de la CNCL du 12 mars 2011

Publié le mercredi  30 mars 2011
Mis à jour le mercredi  23 mars 2011
par  Karsznia Laurence, Wasservogel Françoise
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Laurence Karsznia et Françoise Wasservogel ont participé à l’une des journées (le 12 mars 2011) de la Conférence nationale des comités locaux (CNCL) ; elles font un compte rendu des ateliers et de la séance plénière auxquels elles ont participé.

Lire également les trois comptes rendus officiels de cette CNCL sur l’ancien site d’Attac France.

60 comités locaux représentés / 110 personnes présentes

Campagne d’adhésion / Livret d’accueil

Sylvie Brulant

En 2010, Attac compte près de 10 000 adhérents. L’objectif est fixé à 11 000 pour 2011. Au cours des deux premiers mois de 2011, on a enregistré une forte augmentation de nouveaux adhérents. En revanche, les anciens traînent à renouveler leur adhésion. Globalement, le niveau d’adhésion est le même que l’an dernier à la même époque.

Gros travail du groupe adhésions pour susciter de nouvelles adhésions, améliorer l’accueil des adhérents et les « fidéliser » :

  • publication du livret d’accueil (inspiré du travail du CL Paris nord-ouest), à diffuser ;
  • message d’accueil envoyé aux nouveaux adhérents (tous les 15 jours par voix électronique) ;
  • envoi au correspondant adhérent de chaque CL d’un fichier mis à jour, pour permettre les relances (sur demande, possibilité d’obtenir le fichier des adhérents d’un CL sur les trois dernières années) ;
  • article dans le prochain Lignes d’Attac ;
  • mise à disposition de matériel (autocollants) ;
  • rédaction d’une lettre des coprésidents ;
  • création d’une page spécifique sur le nouveau site.

Actualité : Les évènements dans la région Maghreb/Machrek

Gus Massiah

Les révolutions démocratiques qui ont eu lieu – ou sont en train de se dérouler – dans cette région ont naturellement une dimension nationale mais également mondiale et régionale.

Plusieurs explications :

  • au plan mondial :
    • évolution de la crise mondiale, application de plans d’austérité, augmentation des prix des denrées alimentaires et surtout remise en cause d’une forme de pouvoirs. On peut parler d’une évolution de lutte des classes, face à :
      • la concentration des richesses de quelques-uns,
      • l’augmentation des pouvoirs des oligarchies,
    • caractère structurel de la corruption (paradis fiscaux…) donc précarisation des couches moyennes et lamination des plus fragiles ;
    • changement socio-culurel des jeunes ; autre utilisation des outils de communication.
  • au plan régional :
    • refus des dictatures qui s’articule autour des luttes sociales, pour les libertés et l’indépendance ;
    • ces dictatures étaient adoubées par l’occident pour garantir l’accès aux matières premières, des alliances militaires, un rempart contre l’islamisme et le contrôle de l’émigration ;
    • ces révolutions remettent tout ça en cause. La crise de l’hégémonie occidentale s’exprime par une nouvelle phase de décolonisation.

L’Europe réagit mal à ces évènements, alors que les USA jouent la carte de la « démocratisation » et de la récupération (cf. certains pays d ’Amérique latine : chute des dictatures considérées comme n’étant plus la meilleure forme de contrôle, injection d’un peu de croissance, un peu de redistribution de richesses et un peu de démocratie. Mais malgré cette récupération américaine, naissance de nouveaux mouvements sociaux avec les conséquences que l’on connaît dans certains pays sud-américains).

Il aura fallu plus de 30 ans pour voir la remise en cause nationale de ces dictatures. Cette mise en mouvement ne peut être évaluée sur 2 ou 3 ans ; c’est une ouverture sur du long terme.

Synthèse de Thomas Coutrot

Ces évènements auront des répercussions bien au-delà du Moyen-Orient et sont prometteurs au-delà des récupérations du moment. Il est possible de mettre fin à l’ordre qu’on subit, quelle que soit sa puissance, à partir du moment où on le décide collectivement. C’est un véritable vent d’espoir.

Le G8/G20 est incapable (refuse) de s’emparer de certaines questions et face à la situation (augmentation des prix liés à la spéculation bancaire, aggravation des politiques d’austérité, caractère insoutenable de la dette…), Attac a de quoi faire (ce qu’elle dénonce depuis longtemps se voit vérifié) ! Face à « ce boulevard », elle a aussi une vraie responsabilité.

Il faut :

  • avoir une meilleure visibilité (nouveau site d’ici 15 jours) ;
  • développer les démocraties internes (amélioration préparation AG, renforcement des rapports CL/CA…) ;
  • diversifier nos méthodes d’éducation populaire (construire d’autres formes d’expertise qui ne mettent pas seulement des « spécialistes » face à des « béotiens », s’appuyer sur les propositions des CL pour mieux s’adresser aux citoyens…) ;
  • s’ouvrir à d’autres formes d’actions citoyennes puisque Attac se nomme désormais Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (voir prochain CA du 26 mars avec le conseil scientifique).

Dette publique

Atelier présenté par Didier Brisebourg (CL centre Essonne-Évry)

Lors de l’AG, en octobre 2010, Attac a laissé Eric Toussaint du CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde) parler de la dette : s’endetter n’est pas un mal en soi, que ce soit pour les individus ou les collectivités, car un emprunt vise à améliorer les conditions de vie. Dans le cas d’un emprunt public, les citoyens doivent être consultés préalablement, puisque ce sont leurs impôts qui seront utilisés pour le remboursement de cet emprunt, ce qui n’est le cas, ni au Nord, ni au Sud. La dette publique est donc illégitime, doit être déclarée comme nulle et n’a pas, selon le droit international, à être remboursée. Le remboursement de la dette publique ne fait qu’enrichir les investisseurs institutionnels, les « zinzins ». C’est la nature et le financement de la dette publique qui sont à remettre en cause.

La dette publique est un cercle infernal, car pour la rembourser, les pays font de nouveaux emprunts, ce qui l’augmente : elle ne sera donc jamais remboursée si les principes n’en sont pas modifiés. La dette publique est une arme de destruction massive. La dette est du vol qui entraîne un appauvrissement sans cause des classes pauvre et moyenne, car les états imposent des cures d’austérité et des réformes antisociales. C’est pour cela qu’elle est odieuse.

Le CL Évry se déclare pour un remboursement de la dette, après l’avoir repensée.

Pierre Khalfa

Causes de la dette :

  • cadeaux fiscaux faits aux plus riches et aux entreprises ;
  • « effet boule de neige » : les taux d’intérêts sont supérieurs au taux de croissance ;
  • la Banque de France ne pouvant plus prêter à l’État, l’État a emprunté aux banques privées ; ce sont donc elles qui s’enrichissent ;
  • la dette muselle celui qui est endetté : il doit continuer à emprunter pour honorer sa dette.

Solutions :

  • revenir sur les cadeaux fiscaux ;
  • supprimer la partie de la dette qui est illégitime ;
  • rompre avec le néolibéralisme, mais aucun état n’est prêt à le faire ;
  • les banques prêtent 9 fois ce qu’elles possèdent réellement, mais là n’est pas le problème. Il faut savoir à qui elles prêtent et pour quoi faire, que les dettes soient publiques ou privées.

Quel message Attac doit faire passer ?

  • Sortir des marchés financiers ;
  • briser la puissance des marchés financiers ;
  • refuser les plans d’austérité qui ne servent qu’à rembourser les investisseurs ;
  • interdire les transactions avec les paradis fiscaux.

Pierre Khalfa refuse le remboursement, purement et simplement.

Benjamin Ball - CL Bacles (Antony)

Attac devrait se positionner sur le respect des droits de l’homme : accès à l’eau, au logement, à l’éducation, etc. Et soutenir l’accès gratuit à ces droits fondamentaux. Attac cherche à réformer le capitalisme alors qu’il faudrait le refuser. Attac n’est pas assez radical.

Les banques

Atelier animé par Dominique Plihon

Les banques : meilleur moyen de pomper l’argent des pauvres pour le mettre dans la poche des riches (expo CL 49)

« Sans démocratie économique, la démocratie politique ne restera qu’illusion »

Les banques sont les acteurs majeurs de la crise par leur activités spéculatives. Elles peuvent se débarrasser des risques donc elles n’ont pas peur d’en prendre. Elles ont un tel pouvoir qu’elles contrent tous ceux qui pourraient les limiter, les contrôler, les réguler. Ainsi, les instances de régulation ont laissé faire et portent une part de responsabilité dans cette crise et la façon dont elle a été gérée.

Pour autant, pas question d’être manichéen puisqu’on a besoin de banques. Outre la possibilité de changer de banque, ne faut-il pas changer les banques ? Le rôle des banques centrales est important. Elles doivent retrouver leur indépendance vis à vis des marchés et canaliser les crédits bancaires. Elles ont une vraie capacité d’influence à condition de l’utiliser. Il faut socialiser les banques et les mettre au service des citoyens (et non l’inverse).

Attac lance toute une série de contre-propositions, en réaction aux « réformes » proposées par le G20 (mobilisation importante en novembre à l’occasion du G20 dans le sud de la France) :

  • nationalisation des banques (mais pas forcément le mode de contrôle social idéal) ;
  • création de banques éthiques (projet européen avec la NEF notamment) ;
  • réinvestir les AG des banques et redonner un vrai pouvoir aux sociétaires (un vrai fonctionnement démocratique), etc.
  • Voir le 4 pages « À nous les banques ! Pour une finance au service de la société  »

Voir aussi le dépliant, Les banques en ligne de mire « Bank, banh, bang ! Si le G20 rate encore la cible… Nous ne la raterons pas ! »

La campagne sur les banques :

  • le 4 pages ;
  • informations sur le nouveau site ;
  • rencontres avec nos partenaires (22/3) ;
  • impulser une mobilisation populaire ( P/R au calendrier du G20. Possible action nationale en avril) ;
  • questionnaire destiné aux banquiers qui permettra d’avoir des points de repère : Politique générale de la banque / politique commerciale / politique vis à vis des salariés de la banque/ politique écologique. (voir à l’adapter localement via les CL) ;
  • le questionnaire est quasiment prêt mais il reste à savoir comment il sera distribué (individuellement, Attac… ?), suivi et exploité ;
  • formation banque le 9 et 10 avril (inscription auprès de Martha Blankson, martha chez attac.org)

Plus concrètement

Au niveau local, il y a une grande demande d’actions. Les gens sont prêts à agir mais sont souvent assez « démunis » face à la complexité de la question. Que faire pour comprendre, transmettre et agir ? Selon les comités, on propose tantôt des démarches d’éducation populaire, tantôt des « actions sur le terrain » :

  • projection /débat : « Moi, la finance et le développement durable » de Jocelyne Lemaire-Darnaud ;
    « La double face de la monnaie » de Vincent Gaillard et Jérôme Polidor ;
  • organisation d’une exposition sur les banques et la monnaie(CL 49) ;
  • édition d’un BD « Les sous-sols du paradis » (CL 49) ;
  • élaboration d’un guide de participation à l’AG d’une banque ;
  • rédaction de textes ;
  • spectacles de rue / saynètes (en profitant parfois d’un événement local tel qu’un carnaval) ;
  • visite dans les banques et/ou leurs AG.

D’autres pistes :

La désobéissance civile

Présentation par Benjamin Ball ( CL Antony)

Quand les gens sont dépossédés de tout, ils sont également dépossédés de la lutte, donc il faut qu’ils agissent pour se réapproprier l’espace collectif. La lutte ne doit pas venir d’experts. Les gens doivent lutter là où ils sont, là où ils souffrent. Il faut qu’ils se réunissent pour évaluer la situation, les problèmes, décider de l’action à mener, créer un rapport de force et pour imposer la solution.

La désobéissance civile est une non-coopération. Elle peut partir d’individualités mais prend forme dans une lutte collective qui veut peser sur le présent et l’avenir. Ceux qui décident de désobéir doivent être organisés et informés pour commencer à agir.

À Attac, il faudrait compléter l’éducation populaire par l’action citoyenne, ce qui nous permettrait de sortir du schéma : Attac = approche théorique (conférence /débat).

Attac devrait être un appui aux luttes locales et éventuellement en proposer, car il faut agir et impacter là où les gens sont victimes du système. Attac devrait toujours se demander « nous, en tant qu’Attac, qu’est ce qu’on peut faire ? » Le réseau d’Attac pourrait permettre de passer du niveau local au niveau national, voire européen.

C’est pourquoi, Benjamin Ball propose la création d’une commission désobéissance civile au sein d’Attac France, à laquelle une équipe juridique serait associée, afin de répondre au malaise ressenti : Attac n’est pas assez tournée vers l’action. Cette commission pourrait lister les actions passées de tous les comités locaux, voir lesquelles ont porté leurs fruits, analyser pourquoi, voir celles qui ont échoué et considérer les soucis juridiques de chacune.

Le recours à la désobéissance civile n’est pas sans poser question. Les points de vue sont parfois divergents quant à la façon de la considérer :

  • la désobéissance civile est-elle le meilleur angle d’approche pour Attac ?
  • Ne devrait-elle pas être décidée seulement lorsque tous les autres modes d’actions ont été tentés sans succès ?
  • La désobéissance civile n’est qu’un moyen, elle ne peut être considérée comme une fin en soi ;
  • il faut que l’action reste à la marge de l’illégalité afin d’éviter les responsabilités légales de chaque individu (les conséquences peuvent être lourdes) ;
  • si elle n’est pas toujours utile, elle est néanmoins légitime et nécessaire dès lors que l’État viole ses propres lois (la déclaration universelle des droits de l’homme doit être la loi de référence) ou qu’un risque n’est pas suffisamment pris en compte (les OGM par exemple) ;
  • la société civile doit s’emparer des problèmes quand les politiques ne veulent pas s’en occuper et ne pas avoir peur d’ imposer des solutions en créant un autre rapport de force (on a vu que les modes d’actions « classiques » ne portent pas toujours leurs fruits) ;
  • n’est-il pas préférable d’envisager plus largement les différentes formes d’actions alternatives dont la désobéissance civile ne serait que la forme « la plus poussée » ?

Wilfried Maurin (CA Attac France) suggère plutôt un groupe de travail « action citoyenne » qui puisse réfléchir sur tous ces aspects, en attendant le prochain CA qui décidera de la création d’une telle commission. Une liste de diffusion est donc créée : attac.actioncitoyenne chez attac.org pour avancer sur le sujet.

Questions pour comprendre la différence entre désobéissance civile et agit-prop :

  • faut-il accepter d’être sous le feu des projecteurs des médias ?
  • Faut-il que les actions soient visibles ?

Quelques exemples d’organisations se réclamant de la désobéissance civile :
Communauté de l’Arche, les Désobéissants, Jeudi Noir, l’Appel et la Pioche, le MAN, les Enfants de Don Quichotte, les Déboulonneurs, les Faucheurs Volontaires, les Robins des Bois de l’Énergie.


Documents joints

Compte rendu CNCL 12 mars 2011

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