L’Assemblée générale d’Attac des 17 et 18 juin devait élire un nouveau Conseil d’administration et clore les dissensions apparues en son
sein en 2002. Ainsi, pensions-nous, notre association allait-elle se donner les moyens de reprendre efficacement la lutte contre la marchandisation du monde.
De dépêche en dépêche, nous constatons que nous en sommes loin. Pour la
première fois dans notre histoire, nous n’avons même plus de CA ! En pleine assemblée générale, plusieurs élus au CA ont dénoncé une
anomalie statistique qui fait peser un soupçon de fraude sur l’élection des membres actifs. Ces élus ont ensuite refusé de siéger, de sorte que le CA qui s’est réuni ne comptait que 15 membres, soit la moitié de son effectif selon les statuts en vigueur, le tiers selon les statuts mis au vote des adhérents. Réuni dans de telles conditions, le CA a pourtant élu son président ; on ne peut que s’interroger sur la légitimité dont pourra se prévaloir un président élu de cette façon et que s’inquiéter pour l’avenir de notre mouvement.
Aujourd’hui, il est impossible de savoir avec certitude s’il y a eu fraude ou non, mais la gravité des soupçons, l’ampleur des désaccords entre les membres du CA et le climat délétère de cette assemblée générale nous obligent à réagir.
Devant l’extrême gravité de la situation, nous demandons :
- Une expertise sur les conditions du dépouillement dans les plus brefs
délais ; l’organisation d’un second vote dès l’automne si le soupçon de fraude subsiste ; - L’annulation de la réélection de Jacques Nikonoff, dont la légitimité
est, à l’issue de ce scrutin, plus que problématique ; - La rédaction de textes-programmes courts des deux camps en présence,
indiquant clairement les points de désaccord entre eux, ainsi que l’ont demandé les adhérents présents à Rennes ; - La convocation d’urgence d’une CNCL extraordinaire pour que les adhérents débattent de la situation et mettent les élus devant leurs responsabilités ;
- Une réflexion sur les statuts : Attac est paralysée et ne pourra pas
continuer à vivre au-delà de 2006 avec ses statuts actuels. L’expérience de l’AG de Rennes nous indique l’urgence de leur refonte.
Attac est discréditée aujourd’hui. Pourtant les 20 000 adhérents à jour de
leur cotisation veulent continuer à militer pour les idées que porte Attac.
Ils sont conscients que ces idées sont plus que jamais d’actualité. Ils ont adhéré, non pour apporter leur soutien à Bernard ou à Pierre, à Jacques ou à Susan, mais pour imposer la taxe Tobin, l’annulation de la dette des pays pauvres, un moratoire sur les OGM, la défense des services publics, etc. Les adhérents sont désemparés devant le spectacle qu’offrent aujourd’hui leurs élus et atterrés de l’image qu’Attac donne à l’extérieur. Un sursaut est nécessaire pour relever l’association. Le prochain CA et le prochain président devront bénéficier d’une légitimité sans tache. Les comités locaux doivent continuer leur travail de terrain pour défendre les idées qui nous unissent et prendre en mains l’organisation dont ils sont les forces vives.
Le Conseil d’administration du Comité local Attac 93 Sud.
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